Voici un pari un peu osé. Etait-il possible de valoriser et faire connaitre un pèlerinage en le transformant en un itinéraire de trek ? Cette démarche, s’inscrivant dans la notion d’itinérance culturelle, s’appuie sur les connaissances des populations locales et sur les travaux des anthropologues pour offrir une meilleure connaissance des « paysages sacrés » traversés, aux randonneurs.
L’idée est aussi d’anticiper la création de la route qui va bientôt remonter les vallées de la Thuli Bheri et de la Tarap khola jusqu’à Dho ; et donc de promouvoir un nouveau sentier en balcon apportant une nouvelle économie dans les villages.
C’est ce travail de recherche que nous avons pu tester lors de notre récent voyage au Dolpo à l’automne 2018.
Ce voyage s’inscrit aussi dans la volonté de promouvoir les sommets de l’Ouest du Népal dans le cadre du projet « How to promote West Nepal as a climbing destination ?»
La source d’inspiration principale de cet article est le livre de Marietta Kind- Furger : The Bon Landscape of Dolpo: Pilgrimages, Monasteries, Biographies and the Emergence
of Bon. Peter Lang AG, Internationaler Verlag der Wissenschaften, 2012.
Le village de Parlä (Bar gle’), nep. Baigybara et son environnement sacré.
Le village de Parlä, autrefois appelé aussi Panchali (les cinq villages), était composé de cinq
sections (aujourd’hui sept). Les habitants se nomment Bhote et parlent un dialecte tibétain, mais
sont appelés Magar par les gens du Nord. Tous les villageois de Parlä suivent la tradition bön, tandis
que les autres villages étagés au dessus de la Barbung khola, suivent les traditions bön et
bouddhiste.
Pour atteindre le village de Parlä à partir de Dunai, il faut suivre la rivière Thuli Beri puis grimper
sur le flanc rive droite de la vallée pendant plusieurs heures ; de multiples sentiers sillonnent ce
versant, assurant les liaisons entre les différents villages. La montée la plus classique, que nous avons suivie lors du voyage de septembre 2018 passe par Dharapani et Sima. C’est un bon sentier, fréquenté non seulement par les locaux mais aussi par les habitants de la vallée de la Tarap ou du haut Dolpo se rendant ou revenant de Dunai.
Le grand chörten – porte appelé Muteg Kainon ou khänon,
(mu steg kha gnon)
Il annonce qu’on est proche du village principal de Parlä.
Le chörten fait partie du groupe des quatre chörtens bönpo du Dolpo (avec Do-Tarap, Tsho et Pugmo) (re) construits par Treton Namkha Gyaltsen. Dans sa biographie, il décrit la rénovation de ce chorten, construit à l’origine par Ta-u Nyima Gyaltsen.
Le chörten est construit à la frontière de la zone dominée par l’hindouisme. Il représente symboliquement, une porte d’entrée éloignant les autres croyances. Son nom, Kainon (khänon) se traduit par « soumission des hérétiques ». Sa fonction : soumettre les démons, rakshas et autres hérétiques.
Il vient d’être restauré et re-consacré en juillet 2018.
https://ravencypresswood.com/2018/07/21/a-chorten-for-barle-village/
La partie intérieure du chörten est décorée de peintures murales et le plafond de mandalas.
La symbolique des chörtens böns.
Le chörten avant sa restauration en 2018.
Le passage intérieur était décoré de belles fresques représentant les quatre seigneurs transcendants : Satrig Ersang, Shenlha Okar, Sangpo Bumtri et Tönpa Shenrab Miwo.
Le plafond était orné des neuf mandalas figuratifs représentant Takla Mebar, Tapihritsa, Garuda rouge, les bouddhas des trois temps, Kuntu zangpo, Kunzang Gyalwa Düpa.
Le chörten après sa rénovation en 2018.
Les fresques intérieures et les mandalas ont également été entièrement rénovés.
Le passage intérieur est toujours orné de fresques représentant les quatre seigneurs transcendants : Satrig Ersang, Shenlha Okar, Sangpo Bumtri et Tönpa Shenrab Miwo.
Chacune des quatre divinités principales est entourée par 250 sanggye (illuminées). Ce total de 1000 sanggye de la tradition bön a souvent été confondue avec les 1000 Bouddhas de la tradition Bouddhiste mahayana.
Au plafond, les mandalas figuratifs ont été remplacés par des mandalas géométriques, copies conformes de ceux collectés au monastère bön de Triten Norbutse à Kathmandou par Lopön Tenzin Namdak et conservés actuellement au musée national d’ethnologie d’Osaka.
Ces mandalas ont fait l’objet d’une publication en 2002 : Mandalas of the Bon religion, Tenzin Namdak, Yasuhiko Nagano , Musashi tachiwaka Bon studies 1, Saujanya publications new Delhi.
Chacun des 131 mandalas a été peint en suivant le texte rituel expliquant la théorie et la pratique du mandala. La plupart de ces textes faisant partie du Kangyur et/ou du Tangyur bönpo
Au centre on trouve le mandala du Sutra du vaste espace indestructible (Tib. mdo g.yung drung klong rgyas). Puis en partant de la direction est (rangée du milieu à gauche) et en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre on va trouver les mandalas de l’AH paisible qui éclaire (Tib: zhi ba a gsal), de Garuda rouge (Tib: khyung dmar), des étapes de Walsé (Tib. dbal gsas las rim), de la grande mère Jamma (Tib: rgyal yum byams ma), de l’espace infini (Tib: Kun dyings), de la précieuse lampe du MA TRI (Tib: ma tri rin chen sgron ma), de Shenrap Nampar Gyalwa (Tib: gshen rab rnam rgyal), et de la lampe qui purifie des pensées obscures et retire l’obscurité (Tib: sgrib sbyong mun sel sgron ma).
On ne peut que regretter que les mandalas figuratifs préexistants aient été recouverts par des reproductions papier « industrielles ». Mais ainsi va « l’impermanence des choses ».
De nombreux autres chörtens anciens sont visibles sur le territoire du village.
Yungdrung Shugtshaling Gompa.
La principale gompa du village s’appelle Yungdrung Shugtshaling (gYung drung shug tshal gling) ou Seteng Yungdrung Shugtrö (Se sTengs gYung drung shug khrod). Elle est située au-dessus du village et est entourée d’arbres. Yungdrung Shugtsaling aurait été construite il y a environ 500 ans par les lamas treton de Pugmo, mais il n’existe pas de preuve historique à l’appui de ces dires..
Dans sa biographie, Treton Tsewang Tsultrim mentionne le monastère de Seteng Yungdrung Shugtro comme l’un des lieux où il a rencontré ses maîtres et séjourné le plus longtemps. Il doit donc avoir existé avant sa naissance (à la fin du 16ème siècle). Il y a environ deux générations, un lama l’a rénové et récemment un peintre local du nom de Dawa l’a repeint.
On dit que son nom vient de la forêt de genévriers (shugpa) – poussant en forme de svastika (g. yung drung) – qui entoure le monastère. Son deuxième nom, Seteng (se stengs), se réfère à un champ de buissons se , un type d’églantier, qui poussait autrefois sous le monastère.
A l’origine, deux moines ordonnés étaient chargés du monastère, mais sans successeurs leur lignée prit fin. Elle fut suivie d’une lignée de « prêtres mariés »(sngags pa) appartenant à une lignée appelée Mutsa (dMu tsha).
De l’ancien temple il ne reste que des ruines. Prenez cependant la peine de vous en approcher. Une petite construction en pierre, dont la seule ouverture est une petite fenêtre ornée d’un épais treillis de bois. elle abrite une grande statue en bois de Tönpa Sherab.
L’ancien temple était décoré de nombreuses fresques et statues ; Snellgrove les décrit dans son livre Himalayan Pilgrimage.
Le temple actuel est manifestement très récent. Les murs ne sont pas ornés de fresques mais de quelques thangkas et statues d’argile ou de bronze.
Autres éléments du sacré du village de Parlä.
Sous la gompa principale, un petit édicule renferme un moulin à prières orné de représentations de Sherab Shamma.
La porte d’entrée est orné d’une représentation symbolique des éléments et du temps : le Namchu Wangden.
Le Namchu Wangden, est un symbole de grande protection dans la tradition religieuse Yungdrung Bön.
Il contient les syllabes germes pour sept cent vingt divinités des Cinq Familles. On dit que le Namchu Wangden détruit toute peur !
Afficher cette image protège de la destruction par les cinq éléments. Elle renforce la force vitale, la santé, le pouvoir personnel et le lungta. Elle protège des huit classes d’êtres, ainsi que des événements astrologiquement négatifs. Traditionnellement, cette image est placée à l’entrée de la maison comme moyen de protection.
En voici l’explication écrite par le 23ème Menri Trizin Nyima Tenzin Rinpoché : https://ravencypresswood.com/2018/06/30/3942/
Ce symbole, le Namchu Wangden formé de dix colonnes et de neuf lettres provient du tantra, « Le Cycle des Éléments et du Temps », que l’on trouve dans les « 100 000 glorieuses écritures du grand véhicule indestructible ».
C’est pour les böns l’équivalent du tantra de Kalacakra. Le symbole du Namchu Wogden rappelle clairement tout en étant différent celui de Kalacakra.
Charles Ramble donne une traduction de la vision bön du Kalacakra p. 17 – 19 de l’article : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00943576/document
La demeure du moine bön de Parlä, renferme un temple personnel, contenant divers objets rituels, statues et thangkas.
La montagne sainte : Riwo palbar (Ri bo dpal 'bar) et son pèlerinage.
Riwo Palwar (Ri bo dbal’bar), « Montagne de la gloire flamboyante » est la montagne sacrée du protecteur courroucé, la demeure secrète de la divinité tutélaire bön : Takla Mebar (sTag la me ‘bar) le « dieu-tigre, feu ardent »
Plus tard, un lama bönpo appelé Lama Melha, vint ici pour méditer. Il vivait dans une grotte au sommet de la montagne Riwo Palwar. (Les gens du pays sont convaincus qu’il s’agit de Namgyal Sherab Gyaltsen de Pugmo). Selon une autre légende, Lama Melha serait venu de la province du Kham au Tibet oriental.
Il passa de nombreuses années à pratiquer dans une grotte au flanc de la montagne. On dit qu’il pratiqua avec beaucoup de diligence, en supportant toutes les épreuves jusqu’ à ce qu’il atteigne la réalisation finale. De nombreuses divinités lui apparurent, il accomplit de nombreuses actions étonnantes et des signes merveilleux accompagnèrent sa pratique. Il est surtout célèbre pour sa lutte contre le moine bouddhiste kagyüpa : Drikung Nagpo Dzumme, « le noir qui ne sourit jamais »
A la même époque, ce lama tibétain méditait en effet dans la vallée en contrebas. Il résidait sur une colline au sommet des villages de Sortara et Tarakot. Ces deux grands maîtres s’affrontèrent en ce lieu et firent preuve d’autant de talent dans la magie que dans le débat. Leur bataille magique a laissé diverses traces inscrites dans le paysage. Les empreintes de leurs corps, des restes de torma, des traces laissées par leurs dagues rituelles (phurba), etc. témoignent de ces événements extraordinaires et ont transformé la zone en un lieu sacré.
Il faut en ces lieux raconter l’histoire du « lac de lait » qui s’est drainé et a transformé le sol en terres fertiles.
Au début, l’adversaire de Lama Melha, le lama kagyü Nagpo Dzumme créa une mer de lait grâce à sa puissance spirituelle. Celle-ci inonda la plus grande partie de la vallée de Tichurong. Seul l’ermitage où méditait Lama Melha sur sa colline, resta émergé. Lama Melha, après plusieurs jours d’intense méditation au cours desquels ses tormas commencèrent à trembler et à prendre feu, se transforma en une forme courroucée et lança (telles des fusées) les tormas en direction de la résidence de Lama Nagpo Dzummes située en contrebas de l’autre côté du fleuve, au lieu connu aujourd’hui sous le nom de Trikun Gompa, au-dessus de Tarakot. En lançant les tormas, il fit trois pas, laissant ses empreintes sur le rocher. Après avoir jeté les tormas, la mer de lait s’assécha et les terres se transforment en champs fertiles.
On retrouve là une légende très semblable aux histoires d’inondation par une démone et au drainage du lac ainsi créé par Padmasmbhava.
Au dix-neuvième siècle, un yogi du village de Pugmo, Namgyal Sherab Gyaltsen Rinpoché, aidé de son fils Druptop Rimpoche a « ouvert » le pèlerinage de cette montagne et dans son guide, il détaille les caractéristiques suivantes
« La forme du mont Riwo Walbar correspond à la prophétie des dakinis.
– Les quatre sources sacrées avec l’eau de la libération (Tib. kha la rag chog – celui qui ne goûte qu’une goutte de cette eau sera libéré du samsara),
– les quatre grands cimetières, (Tib. thod pa bor chog gi dur khrod bzhi – si un corps
est déposé en ce lieu, cette personne sera libérée du samsara).
– les quatre empreintes de pas, (Tib. gsol ba btab btab chog gi zhabs rjes bzhi – Quiconque prie devant ces empreintes d’êtres éclairés sera libéré du samsara).
– les quatre motifs, (Tib. smon lam btab btab chog gi thang bzhi – si vous faites en ce lieu une prière elle se réalisera).
– les trois échelles menant aux trois royaumes supérieurs, (Tib. Mtho ris’dzegs pa’ i skas gsum).
– et une empreinte de pied de Lama Melha peuvent être trouvées ici. »
Un autre guide de pèlerinage, fût écrit plus tardivement par Lama Tsukphü Gyaltsen.
Les principaux sites sacrés sont décrits ci-dessous dans l’ordre de leur apparition au cours de la circumambulation, en partant du village.
L’ermitage de Drakgon Ritrö : la grande grotte de méditation du Lama Melha, reconstruite par Parlä Rinpoche.
Un peu plus haut, sous un grand surplomb de falaise, se trouve une maison avec trois pièces séparées et un grand arbre à sa gauche. L’endroit est entouré de fleurs et d’arbres. Cet ermitage, situé à une demi-heure, à l’est et au dessus du village, fût fondé sur le site d’une ancienne grotte par le lama de Parlä, Tsukphü Gyaltsen (également connu sous le nom de Parlä rimpoche) en 1962. Il lui servit de retraite régulière mais à sa mort, il ne fût plus occupé et tombe actuellement en ruines. De nombreux stupas, tsa-tsa et pierres matri sont cependant encore visibles. A l’intérieur de la maison, il y a une cheminée et de vieux vêtements ont été placés dans la pièce. Les parents des malades ou des personnes décédées les déposent ici, dans ce lieu béni, pour obtenir la guérison des malades, ou pour obtenir une renaissance favorable pour le défunt.
En continuant le parcours on passe à côté de l’empreinte d’un bœuf sacré. Dans le village de Namdak, une famille possédait un grand bœuf sacré. Ils avaient l’habitude de l’emmener sur la montagne pendant la journée et de le ramener chez eux pour la nuit. Néanmoins, une nuit, il s’échappa et dormit sur le champ des dieux – une prairie située au flanc du mont Riwo Palwar – et laissa l’empreinte de son corps sur un rocher. Les reliques de cet animal sacré, sont conservées dans le village par les descendants des anciens propriétaires et ne sont exposés qu’une fois par an.
À un moment donné pendant l’affrontement des deux magiciens, Lama Melha cacha son chapeau blanc pointu dans les rochers. Il y a laissé une empreinte sous la forme d’un rocher percé d’un grand trou en forme de triangle pointant vers le haut. Il est situé près de la grotte de méditation du Lama Melha, une petite construction blottie sous un surplomb rocheux..
Au-dessus, dans une autre petite grotte, d’innombrables petits trous sont percés dans le toit. Ce sont les marques laissées par le passage tormas. La méthode utilisée par Lama Melha pour charger d’énergie ses tormas est appelée thu (mthu), une puissante magie qui peut provoquer des inondations, les drainer à nouveau et faire tomber les avalanches et les glissements de terrain. Il a été utilisé jusqu’ à nos jours en cas de conflit pour punir les ennemis.
Situés entre deux gros blocs rocheux qui se font face, se trouvent les empreintes sacrées du soleil et de la lune. A gauche, le soleil est entouré de lignes rouges, tandis qu’ à droite, la lune est entourée de lignes blanches . Dans certains récits, le soleil et la lune sont décrits comme une paire de cymbales frappées ensemble par le grand maître bönpo Drenpa Namkha.
Au milieu de la plaine appelée Yulung Dermai Thang, il y avait une petite source d’eau, source spirituelle, créée par Lama Melha grâce ses pouvoirs extraordinaires.
Lama Nagpo Dzumme voulait se venger de sa défaite Lama Melha savait que son concurrent préparait quelque chose et il avertit son serviteur de ne pas parler à qui que ce soit et de ne répondre à personne pendant qu’il allait chercher de l’eau à la source ce jour-là. En fait, quand le serviteur alla chercher de l’eau, Lama Dzumme l’appela plusieurs fois. Le serviteur résista, l’ignora, et ne répondit pas jusqu’ à ce que, pendant un bref laps de temps, le son `aaaaaa’ lui échappe. Il entendit une voix qui disait: « C’est bon ». A ce moment-là, la source disparut . C’est ainsi que les plaines fertiles de Yulung Dermai Thang ont été transformées en un désert aride, parsemé de rochers, par la puissance spirituelle du Lama Nagpo Dzumme.
L’empreinte d’une dakini écrasant de son pied un serpent est visible sur un rocher plat en hauteur, avec une vue magnifique sur la vallée principale. Pendant que Lama Melha méditait, Lama Nagpo
Dzumme se transforma en serpent venimeux et essaya de le déranger et de lui faire du mal. Le serpent s’approcha du rocher sur lequel Lama Melha méditait, laissant des traces imprimées dans le rocher. Une dakini ayant vu le serpent, le tua en écrasant sa tête sous son pied, avant qu’il ne puisse blesser Lama Melha. On peut encore voir une empreinte de son grand pied et du serpent qui s’approchait. Dans le texte écrit, c’est Lama Melha lui même qui écrase la tête du serpent.
On rejoint ensuite une autre grotte de méditation autrefois utilisée par Lama Melha, un petit bâtiment bâti sous une falaise surplombante.
Pendant que lama Nagpo Dzumme mangeait dans sa chapelle à Trikun Gompa, Lama Melha utilisa un mystérieux pouvoir pour dérober les yeux de Nagpo Dzumme. Leurs empreintes sont laissées sur le rocher : deux grands trous avec en dessous un morceau de quartz représentant ses pieds.
Le sentier, multipliant tours et détoures permet de passer à proximité de nombreux rochers aux formes tourmentées qui ont tous une signification religieuse pour les villageois.
On atteint alors, un plateau très haut situé, au-dessus de la vallée avec une belle vue dans toutes les directions. C’est le champ du « lac de l’esprit » de Lama Melha. En bas du grand champ se trouvent un trou et un petit sanctuaire. Une source formant un lac créé par Lama Melha [et on retrouve tout comme à Shey et Samling, l’idée d’un saint aidé par les divinités du lieu, créant une source grâce à son pouvoir magique], occupe une partie du champ tout au long de l’été. Certains disent qu’il sèche pendant une partie de l’année parce que les gens commettent des péchés et déplaisent alors aux lu (nagas) divinités du sous-sol et des sources, gardiens des lieux..
A une autre extrémité, se trouve l’endroit où Lama Melha fit ses démonstrations magiques. Il est situé à la périphérie de la plaine sur le bord qui surplombe la vallée de la Tarap. Un autel en cinq parties y est construit.
Le périple se poursuit, pour atteindre le site des trois dagues rituelles sacrées (phur pa) formées naturellement sur un rocher.
Enfin, le dernier point crucial sur la circumambulation est le lieu de rassemblement où tous les pèlerins prient et font leur prostrations rituelles avant de commencer les réjouissances. boivent du chang, chantent et dansent avant de rentrer chez eux le soir.
Le pèlerinage de Riwo palbar commémore donc la lutte acharnée entre deux grands maîtres, l’un bön, l’autre bouddhiste. Ceci évidemment renvoie au célèbre combat entre le moine et poète bouddhiste kagyüpa Milarepa et son adversaire le sage bönpo Naro Bonchung pour la possession du Mont Tise (Kailash) et du lac Mapam (Manasarovar).
Mais alors que Milarepa sort vainqueur de sa confrontation, à Riwo Palbar, c’est le sage bön lama Melha qui sort vainqueur des deux premières confrontations (il écrase la tête du serpent et il dérobe les yeux de Nagpo Dzumme). Lors de la troisième confrontation, il est tout d’abord surpris par son adversaire qui inonde la vallée mais en parvenant à drainer le lac ainsi formé, il rend la vallée fertile et l’ouvre à l’implantation humaine, en faisant aussi un lieu important de la religion bön.
Le pélerinage en pratique.
Les pèlerins effectuant la kora de Riwo Palwar, partent et reviennent au village de Parlä. Ce peut être une option pour les trekkeurs voulant profiter d’une journée d’acclimatation.
Mais l’essentiel des sites du pèlerinage sont visitables en parcourant les sentiers, entre Parlä et le col , lieu de danse et de réunion en suivant la trace notée en bleue et qui correspond au relevé Gps de notre séjour.
Il nous a été ensuite possible de descendre directement sur le village de kanigaon, mais le sentier emprunté cet automne, très raide, ressemble plus à une trace d’animaux qu’à un véritable sentier. Il paraît préférable, une fois effectué le parcours de la kora jusqu’au col, de revenir sur ses pas pour, en suivant le sentier marqué en vert sur la carte, rejoindre facilement un sentier bien marqué, menant au hameau supérieur du village de Kanigaon.
Enfin, le parcours de la kora est impossible avec des mules; Celles ci devront suivre le sentier-balcon reliant facilement Parlä au village principal de Kanigaon (en jaune sur la carte), avant de récupérer le grand sentier parcourant la vallée de la Tarap.
Le parcours de la kora est parfois difficile à repérer sur le terrain. Vous avez donc tout intérêt à demander à être accompagné afin de ne rien manquer. Et c’est bien sur un bon moyen d’apporter un revenu supplémentaire aux habitants de Parlä.
Bibliographie
Himalayan pilgrimage, David Snellgrove, 1981, Boston Shambala
The Bon Landscape of Dolpo: Pilgrimages, Monasteries, Biographies and the Emergence of Bon, de Marietta Kind, Furger, Peter Lang AG, Internationaler Verlag der Wissenschaften, 2012.
Bön in Nepal, Traces of the great Zhang Zhung ancestors in the himalaya, The light of the history of existence, de Nagru Geshe Gelek Jinpa, Carol Ermakova and Dmitry Ermakov eds.
Mandalas of the Bon religion, Tenzin Namdak, Yasuhiko Nagano , Musashi tachiwaka Bon studies 1, Saujanya publications new Delhi, 2002.
Commentaires récents