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Sur le bord des chemins, a l’approche des villages, des temples ou des lieux saints, on longe souvent des murs de pierres sur lesquelles sont gravées des inscriptions religieuses (mantra).

Le mantra (tib. ngak) est soit une formule très condensée, soit une série de syllabes assemblées en fonction de leur seule efficience magique, scandée selon un certain rythme. Ce terme sanskrit peut être traduit par arme ou outil de l’esprit (mana) et le suffixe -tra signifie protection, d’où la définition usuelle de « protection de l’esprit »  Le mantra est un objet ou un support de méditation. Le but de sa pratique peut être un bienfait matériel ou spirituel. Elle peut s’effectuer dans le cadre d’un rituel minimal ou d’une liturgie élaborée, incluant prières, postures rituelles (mudra), visualisations, etc. Le récitant s’accompagne souvent d’un mala, sorte de chapelet comportant 108 grains.

Le mani est une pierre gravée de mantra. Il s’agit a l’origine du « aom mani peme houng » , le mantra de Chenrezi.

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D’autres mantra, sont fréquemment reproduits :

  • celui de Guru Rinpoche (Padmasambhava) : Aom Vadjra Gourou Padma Siddhi Houm,
  • le mantra de sagesse de Manjushri : Aom Ah Ra Pa Tsa Na Dhi,
  • le mantra de longue vie de Tara blanche : Aom Tare Touttare Toure Soha.

Dans la religion bön, on parle de mur à matri, en faisant référence au mantra de Tonpa Sherab, fondateur du Bon : Om Matri Mu Ye Sale Do.

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Quelquefois, des livres entiers sont ainsi gravés sur des pierres, par exemple le sutra de la « perfection de la connaissance ». D’autres pierres mani sont ornées de représentations figuratives, symboles ou divinités.

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Un mendong (mur a mani ou à matri) est un amoncellement de pierres gravées. Longer un mur a mani revient alors a réciter les prières qui y sont inscrites et ainsi honorer les dieux. Les extrémités des murs sont parfois délimitées par un chörten. Des moulins a prières encastres dans les murs pouvant compléter l’ensemble.

Des structures circulaires se retrouvent également a proximité des temples.

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La coexistence entre bönpos et bouddhistes au Dolpo se reflète dans le paysage sacré des villages. Les chörtens et murs à matri construits par les bönpos doivent ainsi être contournés par la droite tandis que les murs à mani relevant de la religion bouddhiste doivent l’être par la gauche. Attention aux erreurs de sens en traversant les villages ! !

Si l’on veut bien se pencher attentivement sur les mantras gravés sur les pierres des murs, il est possible de définir leur appartenance.

Le mantra le plus important de la religion bouddhiste est le célèbre « Om mani pèmé hung »

C’est le mantra en six syllabes du boddhisatva de la compassion Avalokitesvara (Chenrezi). Il est facilement reconnaissable.

Sa traduction signifie grosso modo « hommage au joyau du lotus » et plus précisément « le joyau dans le lotus »,

Chacune de ses six syllabes appelées bija, symbolise l’un des domaines ou règnes d’existence, des paradis des devas jusqu’aux enfers. C’est donc à l’univers entier que le pratiquant envoie sa compassion.

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Bija  
Om
Ma
Ni
Pad
Me
Hum 
Domaine du  samsara
Dieux (Devas)
Titans (Asuras)
Humains
Animaux
Fantômes (Pretas)
Enfers
Couleur
Blanc
Vert
Jaune
Bleu ciel
Rouge
Bleu nuit

 

 

Le mantra le plus célèbre de la religion Bön est le « om ma tri mu ye sa le dhu »

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Om représente Tonpa Shenrab, le fondateur du Bön. Dans les représentations bönpo, la syllabe Om est de cinq couleurs correspondant aux cinq sagesses et aux cinq éléments.

Ma représente Sherab Chamma, la mère aimante, contrepartie féminine de Tonpa Shenrab. Ma symbolise aussi la clarté et la sagesse et Om la vacuité et la méthode.

De l’union des deux émane les six syllabes germes suivantes symbolisant les bouddhas des six domaines d’existence. Ensemble également défini sous le nom des six enseignants de la discipline : Dulwa Shen Drug représentés au centre des « roues de la vie » bönpos.

Réciter ce mantra permet donc aux bönpos d’invoquer le créateur Tönpa Sherab et la déesse Sherab Chamma ainsi que les bouddhas guides des six niveaux d’existence.

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Saurez vous donc attribuer à chaque religion son mantra sur ces deux pierres mani et dans quel sens aborderez vous le contournement de chaque mur

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Attention en cas d’erreur vous n’aurez pas le droit de retourner en ces lieux doublement sacrés.

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Espace volontairement laissé blanc pour permettre la réflexion.

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La pierre sacrée Bön avec le mantra Om ma tri mu ye sa le du

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La pierre sacrée bouddhiste avec le mantra Om ma ni pad me houng

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La septième syllabe hrih dans les représentations circulaires est un « bija », ou une syllabe germe, laquelle condense dans la théorie des mantras la compassion d’Avalokiteshvara.

Cette syllabe n’apparaît pas dans les représentations linéaires habituelles. Là était le piège ! !

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Ceci dit pour la lecture des pierres matri, les choses peuvent parfois se compliquer quelque peu.

Et si la classique en 6 pétales avec le OM MA au centre se repère facilement.

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On peut souvent observer la moins classique pierre matri à 7 pétales.

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La présence de 7 pétales s’explique par le fait que la syllabe tibétaine DU s’écrit en deux parties.

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Et donc, on retrouve les deux parties de la syllabe sur deux pétales différentes. Ce qui donne 7 pétales en tout..

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Il existe par ailleurs dans un souci de symétrie, des variantes à huit pétales où une lettre additionnelle, la lettre A, occupe le centre.

Le A est la lettre finale de l’alphabet tibétain, symbole phonétique de la réalité absolue.Une des traditions du Dzögchen est connu sous le nom de Atri (A khrid), les instructions (khrid) concernant la réalité absolue (A). C’est un élément fréquent des visualisations mentales et des mantras.

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Pour une fois le mantra est écrit dans le sens bön, inverse des aiguilles de la montre.

Et assurément d’autres à découvrir.

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Les trois « mantra – essence » du Yungdrung Bön

Dans la tradition Yungdrung Bön, trois mantra incarnent collectivement l’ensemble des enseignements de Tönpa Shenrap Miwo. Ils sont connus sous le nom commun de Nyingpo Namsum, les trois « mantra – essence ».

Les enseignements de Yungdrung Bön sont très nombreux. Selon la tradition, il y aurait un corpus de 84 000 enseignements différents. Ces enseignements sont ordonnés au sein des «  neuf voies du Bön ».

Les neuf voies du Bön (Tib : bon-gyi theg-pa dgu)

Cette classification rappelle celle des neuf véhicules du bouddhisme dans l’école Nyingmapa. Mais ici, les quatre premiers de ces véhicules concernent les rituels liés aux forces naturelles et au domaine mondain. On y trouve tout le fond chamanique ancien et les techniques rituelles spécifiques au Bön, par ailleurs souvent réutilisées par le bouddhisme vajrayana tibétain à titre de pratiques secondaires.

Les quatre premiers véhicules, les moins apparentés au bouddhisme bien que comportant certains éléments communs, sont donc :

  • – Le véhicule shen de la prédiction : astrologie, divination, rites associés et pronostics.
  • – Le véhicule shen du monde apparent : cosmologie, classification des êtres sensibles, démonologie, rituels de rachat du principe vital.
  • – Le véhicule shen de l’illusion: rituels pour dissiper les forces négatives. conjurer les sorts.
  • – Le véhicule shen de l’existence : rituels funéraires et de l’après-mort.

Les cinq véhicules suivants concernent les pratiques communes au Bouddhisme et au Bön

  • – Le véhicule des adeptes vertueux : vœux des laïcs.
  • – Le véhicule des rishi : vœux monastiques. ordinations.
  • – Le véhicule du A blanc correspondant aux tantra externes.
  • – Le véhicule du shen primordial : le Vajrayana des tantra supérieurs.
  • – Le véhicule insurpassable qui est celui du dzogchen bön.

Ces « Neuf Voies » peuvent être encore condensées en trois véhicules ou voies des sutra, des tantra et du dzogchen.

Ces trois voies sont condensées en trois « mantra – essence ».

Le simple fait de réciter ces mantra avec foi et dévotion, même sans en comprendre leur signification apporte bénédiction et pouvoir à celui qui les récite. Au cours des pratiques préliminaires, lors de la préparation du méditant, chacun de ces trois mantra est récité 100 000 fois. Il est courant de voir les laïcs bönpo réciter ces mantra au moins 108 fois par jour en égrainant leur chapelet (mala).

Chacun de ces mantra a sa propre pratique et visualisation. Ils sont aussi directement liés aux principe des trois corps. Un être éveillé, un bouddha, loin de se limiter à une apparence humaine inscrite dans le temps et dans l’espace, existe en effet simultanément sur trois plans auxquels on donne traditionnellement le nom de « corps » : le corps absolu, le corps de gloire et le corps d’émanation.

Le CORPS ABSOLU (dharmakaya – bön ku) – le corps éclairé de la nature ultime, représenté visuellement par Samandabhadra (Kuntu Zangpo) le bouddha ultime. désigne l’aspect non-manifesté, « vide », de l’esprit éveillé, infini comme l’espace, embrassant la totalité des phénomènes.

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Le CORPS DE GLOIRE (sambhogakaya – dzok ku) – le corps éclairé qui affiche toutes les qualités parfaites, symbolisé par Tönpa Sherab tel qu’il est décrit dans le cadre des quatre seigneurs transcendants. Il est la manifestation de l’Eveil sur un plan extrêmement subtil, le domaine de la lumière si l’on peut dire, auquel n’accèdent habituellement pas les humains ordinaires.

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Le CORPS D’EMANATION (nirmanakaya – tul ku) – le corps éclairé. Il se réfère à la manifestation physique d’un bouddha, par exemple sous une forme humaine. Représenté par Tritsug Gyalwa.

C’est le nom nirmanakaya, porté par Tönpa Shenrab à la fin de sa vie, quand il renonce à son héritage mondain et devient un ascète errant.

Il est ainsi représenté dans son apparence de bouddha. Quatre assistants dont deux de ses fils ayant eux aussi renoncé à leur vie mondaine sont souvent représentés à sa gauche et à sa droite. Ceci permet de le distinguer du bouddha Shakyamuni, seulement entouré de deux adeptes.

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Traditionnellement, les mantra sont récités dans cet ordre :

L.e mantra Essence du Bön ku : AH OM HUNG AH A KAR SA LÉ Ö AH YANG OM DU

Parce que c’est le mantra de l’Essence du bön ku, il est lié au tantra supérieur de l’enseignement bön, le dzogchen et au bouddha primordial Kuntu Zangpo. Ce mantra est communément appelé SA LÉ Ö mantra.  Ce mantra est un aspect du dharmakaya, l’aspect sans forme de l’esprit de Bouddha.

Parfois le A OM HUNG n’est pas récité, ne laissant que les neuf dernières syllabes.

Bien que les mantras ne soient pas comme le langage, dans un sens conceptuel direct, chaque syllabe a un but et un sens énergétiques précis.

AH représente le Bouddha primordial, l’Essence immuable, le Vide. Le second A, court représente la clarté incessante. KAR signifie la purification des émotions négatives, les deux obscurcissements et tous les karmas. SA-LE signifie au-delà de toutes les limites des mots et des concepts. WOD signifie littéralement lumière, mais sa signification signifie ici au-delà des obscurcissements conceptuels et de la prise de conscience. A représente l’esprit de Bouddha, l’omni-conscience qui perçoit tout instantanément. Le YANG représente normalement l’élément aérien, mais dans ce cas il est associé à la prajna de la sagesse – celle qui active la sagesse en soi et élimine les obscurcissements. OM représente les cinq familles de Bouddha, les cinq sagesses et les cinq incarnations. DU ramène tout à l’unicité.

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Le mantra Essence du Dzok ku : OM MA TRI MU YÉ SA LÉ DU

Parce que c’est le mantra – essence du dzok ku, il est lié au véhicule des tantras. Ce mantra est communément appelé le mantra MA TRI, également connu sous le nom de « Grand mantra ».  Ce mantra incarne l’énergie de Tönpa Shenrap Miwo et de Sherap Chamma, la Mère aimante ainsi que celle des six manifestations éclairées du Bouddha dans chacun des Six royaumes: l’enfer, les fantômes affamés, les animaux, les humains, les demi-dieux et les dieux.

Vu sous cet angle la récitation de ce mantra est une manière d’aider tous les êtres des six royaumes de l’existence.

Chaque année à l’époque du Nouvel An tibétain au Dolpo, ce mantra est récité en continu, sans interruption, pendant 15 jours.

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Le mantra-essence du Tul ku : AH KAR AH MÉ DU TRI SU NAK PO ZHI ZHI MAL MAL SO HA

Mantra utilisé pour la purification des empreintes karmiques et des émotions négatives

Parce que c’est le « mantra – essence du tul ku, il est lié à la voie des sutras. Ce mantra est communément appelé mantra DU TRI SU. Les quatre premières syllabes représentent le Dershek Tsozhi, les « Quatre Principaux Illuminés » du Yungdrung Bön que sont Satrik Ersang, Shenlha Ökar, Sangpo Bumtri et Tönpa Shenrap. Les syllabes suivantes représentent la purification des royaumes inférieurs et la protection contre les forces négatives internes et externes. Selon le Grand maître, Drenpa Namkha, si ce mantra est récité et soufflé sur la plante des pieds d’un être mourant, cet être ne renaîtra pas dans les royaumes inférieurs. De plus, si l’on fait des cauchemars, réciter ce mantra le matin dissipera l’énergie négative.

AH KAR représente aussi l’état pur du mental. AH ME représente la sagesse de l’esprit, DU TRI SU représente les trois émotions négatives : ignorance, haine et attachement, NAG PO représente la négativité, ZHI ZHI signifie purifier, MAL MAL signifie obtenir un état d’esprit heureux, SO HA signifie éliminer toutes les négativités et le manque de compréhension.

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Dans la région himalayenne, il est de tradition pour une famille bönpo d’avoir un ou ces trois « mantra– essence », sculptés dans le bois ou la pierre et suspendus au-dessus de l’entrée de la maison. Sculpter ces mantra dans la pierre, les imprimer sur des drapeaux de prière ou porter des amulettes contenant ces mantras apporte des bénédictions et une protection incommensurables.

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« AH KAR

AH MÉ DU TRI SU NAK PO

ZHI ZHI MAL MAL (SO HA)”

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Bibliographie

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Expressions du sacré dans les villages de l’aire culturelle tibétaine, Etienne Principaud, disponible sur demande à l’auteur.

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Les photos et sources de renseignement sur les trois mantra-essence proviennent du site internet : https://ravencypresswood.com/

 

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