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A partir de Sanduwa, un petit poste militaire du bas Dolpo, dans la vallée de la Phoksumdo khola au nord de Rechi, une marche d’environ une heure en suivant le cours de la Pugmo Khola mène au village de Pugmo.

 

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Le village de Pugmo et le mont Kangsumnya (Kanchauni ou Kang Chunni)
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le mont Kangsumnya (Kanchauni ou Kang Chunni)
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Un autre versant du mont Kangsumnya, photo prise dans le haut Dolpo en montant au Methog Ting La.

 

Un site habité, dans l’aire culturelle tibétaine, est centré, de manière plus idéale que géographiquement réelle par une montagne le plus souvent visible du village qui est aussi le « dieu du terroir » (yullha). Ce dieu du terroir, dieu-montagne, est un dieu du sol, maître d’un territoire déterminé (shidak). Des termes différents : yullha, sadak, shidak sont souvent utilisés de façon interchangeable dans le monde tibétain.

Le dieu du terroir est souvent considéré comme l’ancêtre de la population vivant sur son territoire.

Le yullha est dans l’iconographie bouddhiste ou bön traditionnelle représenté généralement sous l’aspect d’un dieu guerrier (dralha) portant casque et armure.

Le yullha est considéré comme un être humain avec ses qualités et ses défauts. Il faut que les hommes glorifient ce dieu du terroir afin qu’il ne les abandonne pas. Sinon surviennent des épidémies et des calamités naturelles (glissements de terrain, grêle, etc.), parfois déclenchées par l’intrusion inconsidérée des activités humaines dans le domaine sacré de la montagne.

Ces dieux du territoire s’incarnent en des lieux particuliers du paysage, les autels qui leur sont dédiés :

amas de pierre (labtse),

autels du village (lhato),

autels domestiques,

arbres sacrés (lha–çin ).

Ces lieux de culte souvent placés en hauteur jouent le rôle symbolique d’un sommet de montagne en miniature.

 

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Le village de Pugmo avec le mont Kangsumnya (Kanchauni), siège du yul lha, Lhaptsen Gyalwo, le dieu du territoire qui fût subjugué par le grand sage Drenpa Namkha représenté ici (en haut, en bleu) avec ses deux fils, Tsewang Rigzin (à sa droite) et Pemajungne, alias Guru Rimpoche (à sa gauche).

 

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Lhato à l’entrée du village de Pugmo avec la montagne sacrée Kangsumnya (Kanchauni, Kang Chunni), où réside le yul lha, Lhaptsen Gyalwo en arrière-plan.

 

 

Le village de Pugmo, présente une particularité, ses habitants sont des bönpos, adhérant à la foi Bön.

 

Sous le vocable de Bön sont regroupés habituellement un ensemble de traditions reli­gieuses plus ou moins anciennes de la culture tibétaine. Certaines d’entre elles, les plus anciennes dérivent probablement d’anciens cultes chamaniques autochtones du Tibet et d’autres, plus récentes sont très parentes du bouddhisme.

Selon les chroniques bönpo, le maître fonda­teur, Tönpa Shenrab Miwotché, naquit à Olmo Loung Ring, un royaume mystique situé selon les chroniques soit au Takzig (Perse) ou près du Kailash, plusieurs milliers d’années avant le bouddha Sakyamuni.

Maître pleinement éveillé (l’équivalent d’un bouddha), il se ren­dit au Tibet pour y enseigner et prophétisa que le Bön s’y répandrait par la suite. Au VIIIè s., il fut confronté à l’arrivée du bouddhisme et à son adoption officielle par le roi tibétain Trisong Détsen. Certaines de ses pratiques furent abolies, mais d’autres, proches de celles des boud­dhistes, furent tolérées et préservées par des maîtres tels que : Drenpa Namkha, son fils Tséwang Rigdzin et Gyerpoung Nangzer Lopö

Pour survivre, le Bön adopta certes une attitude mimétique, mais, selon les dires des adeptes du Bön, de nombreux principes du bouddhisme étaient déjà présents dans le Bön qui aurait également influencé de manière réciproque le bouddhisme de la première diffusion.

Selon la tradition orale, la vallée où se situe Pugmo aurait été visitée pour la première fois par le sage bönpo Drenpa Namkha. Après avoir vaincu les démons peuplant la région et les avoir transformé en protecteurs de la doctrine bönpo, la vallée put s’ouvrir au peuplement.

Toujours selon la tradition, la première personne à s’être établie en ce lieu était un fils illégitime du premier roi du royaume de Lo (Mustang actuel) Amepal (1387 – 1447). Après avoir été banni, il s’y serait établi avec sa famille fondant ainsi le premier des clans de Pugmo

Les suivants à se fixer dans la vallée, étaient membres du lignage Treton. Venus de l’est du Tibet, ils professaient la foi bönpo. Ils bâtirent le premier temple. Un membre éminent de ce clan Treton Nyima Senge est considéré par les bonpös, comme le fondateur des pèlerinages de la montagne de cristal à Shey et du pèlerinage de Lama Chumik au dessus de Pugmo.

Voir aussi l’article :   http://dolpo-news.com/phoksumdo-legendes

 

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En arrivant aux limites de l’aire villageoise, le chemin est jalonné de murs à matri ainsi que de chörtens.

Sur le bord des chemins, à l’approche des villages, des temples ou des lieux saints, on longe souvent des murs de pierres (mendong) sur lesquelles sont gravées des inscriptions religieuses (mantra).

Le mantra (tib. ngak) est soit une formule très condensée, soit une série de syllabes assemblées en fonction de leur seule efficience magique, scandée selon un certain rythme. Ce terme sanskrit peut être traduit par arme ou outil de l’esprit (mana) et le suffixe -tra signifie protection, d’où la définition usuelle de « protection de l’esprit ». Le mantra est un objet ou un support de méditation..

Le mani est une pierre gravée du mantra bouddhiste « Om mani pèmé hung », le mantra à six syllabes du boddhisatva de la compassion Avalokitesvara (Chenrezi).

Le mantra le plus célèbre de la religion bön est le « om ma tri mu ye sa le dhu » et l’on désigne les pierre sur lesquelles il est gravé du nom de matri

 

 

Om représente Tonpa Shenrab, le fondateur du Bön.

Dans les représentations Bönpo, la lettre Om est de cinq couleurs correspondant aux cinq sagesses et aux cinq éléments.

Ma represente Sherab Chamma, la mère aimante, contrepartie féminine de Tonpa Shenrab. Ma symbolise aussi la clarté et la sagesse et Om la vacuité et la méthode.

De l’union des deux émane les six syllabes germes suivantes symbolisant les bouddhas des six domaines d’existence.

Bija                       Domaine                             Couleur

Tri                         Enfers                                  Indigo

Mu                        Fantômes (Preta)                 Rouge

Ye                         Animaux                               Vert

Sa                         Humains                                Jaune

Le                         Titans (Asuras)                     Bleu ciel

Du                         Dieux (Devas)                      Blanc

 

 

 

Réciter ce mantra permet donc aux bönpos d’invoquer le créateur Tonpa Sherab et la déesse Sherab Chamma ainsi que les bouddhas, guides des six niveaux d’existence.

Les chörtens de Pugmo

 

Le chörten (réceptacle d’offrandes, reliquaire) est selon les bouddhistes, la version tibétaine du stupa hindou.. Les premiers stupas étaient destinés à recevoir les reliques de Sakyamuni le Bouddha historique. Par la suite, ils devinrent les réceptacles des restes des personnes considérées comme des saints.

Pour les bönpos, la structure cultuelle à étages multiples du chörten existait au Tibet, bien avant l’arrivée du bouddhisme. On trouve d’ailleurs au Tibet gravés sur des parois de très anciennes représentations de structures à plusieurs étages souvent ornées de svastikas (yungdrung). Certaines de ces gravures sont même certainement antérieures à la diffusion du Yungdrung Bön.

A Pugmo, trois de ces chörtens sont des chörtens porte (kani chörten), en forme d’arche, érigés à l’entrée d’un village pour tenir à l’écart les esprits malfaisants, leurs murs intérieurs sont ornés de fresques représentant des divinités importantes du panthéon bönpo. Les toits étant ornés de mandalas.

 

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Le Zijyi Wöbar chörten (Shipchi Obar) à l’entrée du village de Pugmo. A gauche de la photo, avec ses murs peints de rouge, le temple bön de Pugmo : Namgyal Lhakhang

Détail des fresques à l'intérieur des chörtens

Le premier chörten

 

Le 1er chörten rencontré quand on pénètre l’aire villageoise de Pugmo en venant de Sanduwa a été restauré récemment. Le plafond du chörten est orné d’une série de neuf mandalas non figuratifs.

 

 

On retrouve au cœur du mandala principal, tête-bêche, les lettres OM et MA.

 

 

Sur les quatre murs latéraux sont peintes des fresques

Une représentation de Drenpa Namkha, sans doute la figure historique la plus importante de la religion Bön. Il est le principal représentant du Bön au VIIIè siècle, à l’époque des grands rois tibétains, au cours de la lutte avec le bouddhisme.

Il tient un sceptre appelé chaksing (phyag shing) dans sa main droite. Ce sceptre est décoré d’une svastika, symbole de la vérité éternelle. Il tient par ailleurs dans sa main gauche, une calotte crânienne tout en enlaçant sa compagne : Öden Barma qui brandit de la main droite un vase rituel.

 

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Drenpa Namkha est également la figure centrale d’une autre fresque, représentation très intéressante appelée Chime Yabse Shi (les quatre immortels)

Il s’agit d’une représentation issue d’un terma (trésor caché) découvert par le célèbre tertön Dorje Lingpa, au Bhoutan et dont la pratique est commune aux böns et aux bouddhistes.

La divinité mâle a trois faces et six bras et enlace sa compagne. La figure mâle centrale représente Drenpa Namka et les deux autres faces, latérales, représentent Tsewang Rigdzin et Yungdrung Tongdrol (Padmasambhava plus tard) – ses deux fils. La femme est Öden Barma, la mère des deux garçons.

Quatre personnalités distinctes sont donc rassemblées en une seule image. Ce qui est unique dans l’iconographie bouddhiste ou bön. Quatre dakinis complètent le tableau.

 

 

Il brandit dans ses six mains, un vajra, une calotte crânienne (kapala), un tranchoir et un tambour (damaru). Les deux mains supérieures tiennent deux sphères symbolisant la lune et le soleil.

 

Sherab Shamma

 

Sherab Chamma (mère aimante support de sagesse) est une autre forme de Satrig Ersang, la divinité féminine suprême du groupe des « quatre seigneurs transcendants ». Elle joue le rôle de support de méditation.

Son nom associe la syllabe cham (byams) « qui aime tendrement » à laquelle est adossée le suffixe féminin ma. Sherab est formé par la syllabe shé, qui signifie connaissance et rab qui signifie excellent . C’est la traduction de sagesse (sk. prajna).

Elle est l’équivalent de la déesse bouddhiste Prajnaparamita.

D’apparence paisible, son corps est de couleur jaune, orange ou blanc. Elle possède une face et deux mains. La main droite tenant habituellement un vase près du cœur ou sur son côté et la gauche, un miroir dans sa main tendue vers le haut.

Sur cette fresque la déesse est entourée par quatre autres représentations, émanations représentant les cinq activités. Les quatre émanations, rouge, verte, blanche et bleue avec une face et quatre mains tiennent divers attributs.

 

 

La 4ème fresque est bien abîmée mais les attributs des mains permettent d’identifier Takla Mebar.

C’est la forme féroce du disciple direct de Tonpa Sherab.

C’est un personnage frontière entre un prêtre et une divinité tutélaire. D’un côté il est une figure mythique, disciple de Tonpa Sherab, fameux en tant que transmetteur de tantras et pourfendeur de démons ; de l’autre il est prié comme une divinité tutélaire

Ayant une seule tête et deux mains, il a une apparence féroce. Les mains droite et gauche sont levées et brandissent une roue dorée à droite et un ensemble de neuf épées entrecroisées à gauche.

 

 

La fresque du chörten de Pugmo devait initialement être très semblable à la partie centrale de la fresque représentée ci-dessous, décorant les murs du monastère de Bongya dans l’est du Tibet.

 

Le deuxième chörten

Lors du voyage 2018, nous avons hélas, pu nous rendre compte que le chörten s’était écroulé et que toutes les fresques avait été détruites.

 

Cette fresque bien abîmée représente

Au centre, de couleur bleue, Kuntu zangpo. C’est le bouddha primordial. Son nom sanskrit est .Samantabhadra. C’est bien évidemment l’équivalent de Samantabhadra dans le bouddhisme tantrique tibétain (Nyingmapa). Le nom Kuntu Zangpo signifie celui qui est excellent et présent en tout lieux. Il est la source des tantras. Il est représenté nu (dépourvu de toute pensée discursive). Il ne brandit aucun attribut, ses mains reposant dans son giron en position de méditation. Son corps est habituellement de couleur blanche, ou bleue.

A sa droite , de couleur blanche, Shenla Wökar. C’est le dieu de la lumière et de la création, un des quatre seigneurs transcendants. Son corps est blanc, ses mains reposent dans son giron en position de méditation. Il est souvent assimilé au bouddha Amitabha (les statuettes censées le représenter dans les temples bön achetées à Kathmandou sont souvent des statues d’Amitabha (ou d’Amitayus).

A sa gauche, de couleur jaune, Tönpa Sherab. La principale divinité bön, l’équivalent de Shakyamuni. Le sceptre yungdrung qu’il tient dans sa main droite permet de l’identifier.

 

 

Il s’agit là de la représentation de Nyamme Sherab Gyaltsen (1356-1415) le célèbre moine Bön, fondateur du plus prestigieux monastère Bön celui de Tashi Menri.

Le monastère de Menri fût fondé en 1405 à Tobgyal, sur les pentes du mont Shari Powa dans la province tibétaine de Tsang. Il fut détruit en 1966 pendant la révolution culturelle. En 1967, un nouveau monastère fut établi en Inde, à Dolanji dans l’Himachal Pradesh. Menri en Inde et le monastère de Triten Norbutse à Kathmandou sont les deux principaux monastères böns actuels assurant un enseignement amenant au titre de geshe l’étape ultime de l’enseignement.

 

 

Les mains croisées devant son cœur, il tient les tiges de deux lotus fleurissant au dessus de ses épaules. A droite, posé sur la fleur et pointant vers le haut, l’épée de la sagesse couronnée de flammes et à gauche un livre saint – les deux symboles arborés par Mawe Sengge, le dieu de la connaissance, l’équivalent de Manjushri (Jampelyang) chez les bouddhistes.

Sa tête est coiffée du traditionnel chapeau des lamas böns à pétales de lotus.

 

 

Représentation féroce de Drenpa Namkha, tenant ses attributs caractéristiques, un parasol parfois surmonté d’une svastika (ou seulement une svastika) dans sa main droite et une calotte crânienne dans sa main gauche. enlaçant sa campagne

 

Le troisième chörten : Zijyi Wöbar chörten

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La décoration interne du Zijyi Wöbar chörten est d’un point de vue iconographique, la plus intéressante des chörtens de Pugmo.

Son toit est orné de neuf mandalas (kyilkhor) qui ont pour caractéristique d’être figuratifs, centrés par la représentation d’une divinité.Seul au Dolpo, l’un des chörtens de la région de Dho Tarap, le Yungdrung Wöbar chörten situé à proximité de la gompa de Riwo Bumgon, présente ce trait distinctif.

 

On peut reconnaître au centre de ce mandala, la divinité Shenlha Wökar, l’un des quatre seigneurs transcendants.

 

Il s’agit là d’une particularité, les mandalas böns étant le plus souvent non figuratifs, centrés autour d’un symbole ou d’une lettre germe (bija), symbolisant la divinité.

 

Un des mandalas décorant le plafond d’un chörten de Bhijer.

Les murs du chörten.

 

Chacun des murs de ce chörten est décoré de divinités dont la plupart appartiennent au groupe des « douze divinités rituelles » Choga Chunyi (cho ga bcu g.nyis)

Ce sont, douze formes spéciales de Tonpa Shenrab connues sous le nom des douze divinités rituelles correspondant à douze événements importants de sa biographie.

Tonpa Shenrab est aussi appelé Bouddha Shenrab ou Guru Shenrab. Considéré comme le fondateur du Yungdrung Bön, il occupe au position très similaire à celle de Shakyamuni dans le bouddhisme. Selon les textes böns, l’apparition sur terre de Tonpa Shenrab a précédé celle du Bouddha. Comme lui, il serait de naissance royale et renonça ensuite à son héritage pour voyager, embrassant la vie d’ascète et se rendant finalement sur la terre de Zhang Zhung à proximité du Mont Kailash. Contrairement à Shakyamuni, il n’existe cependant pas de sources historiques prouvant qu’il ait réellement existé.

La vie de Tonpa Shenrab ainsi que le recensement des ses vies antérieures est décrite dans trois textes principaux. Le plus récent d’entre eux, est le Zije (gzi brjid) comprenant douze volumes et soixante et un chapitres découvert au XIVè siècle par Tulku Loden Nyingpo. Ce texte appartient à la tradition des trésors révélés (termas) de la religion Bön. Douze chapitres de ce texte sont consacrés à la description de douze aspects distincts de Tönpa Sherab. Ces « douze divinités rituelles » (choga Chunyi) font parfois l’objet de représentations picturales sous la forme de douze thangkas. Il est plus rare d’observer comme sur les murs du Zijyi Wöbar chörten, des fresques les représentant.

1. Künying (kun dbyings), bleu, tenant une bannière au trône supporté par des lions

2. Jamden (byams ldan), blanc, faisant les mudras de l’équilibre (main droite) et de l’illumination (main gauche) au trône supporté par des éléphants

3. Mönlam Thaye (smon lam mtha’ yas), rouge, tenant un lotus rouge à droite, un vase à nectar à gauche au trône supporté par des lions4. Dükor (dus ‘kor), turquoise, tenant une sceptre à droite, une roue de la main gauche, au trône orné de roues.

5. Künrig (kun rigs), blanc, tenant une bannière, au trône supporté par des lions.

6. Trowo Namjom (khro wo’i rnam ‘joms), bleu – gris, tenant un vajra, debout.

7. Menlha (sman lha), bleu, tenant un sceptre à droite, une noix médicinale à gauche, au trône supporté par des éléphants. C’est l’équivalent du bouddha de la médecine bouddhiste.

8. Gyalwa Gyatso (rgyal ba rgya mtsho), à la représentation identique à celle de Künzang Gyalwa Gyatso.

9. Genyen (dgen bsnyen), blanc, tenant une bannière et un A, au trône supporté par des lions.

10. Namdag (rnam dag), jaune, tenant un miroir à droite, un vase à gauche, au trône supporté par des lions.

11. Dulchog (‘dul chog) à la représentation identique à celle de Tritsug Gyalwa.

12. Chamma (Byans ma) à la représentation identique à celle de Sherap Chamma.

Chacune est caractérisée par une couleur du corps, des attributs, un trône décoré de symboles, qui leur sont propres. Ces douze divinités sont le plus souvent représentées, jambes croisées (sauf Trowo Namjon et Gyalwa Gyatso qui se tiennent debout). Toutes sauf Trowo Namjom sont d’apparence paisible. Toutes sauf Gyalwa Gyatso possèdent deux bras et une tête.

Certaines de ces divinités : Trowo Namjom, Menlha, Gyalwa Gyatso, Chamma font par ailleurs, l’objet de cultes qui leur sont propres.

 

Le premier mur

 

A gauche du mur, blanc, en position debout, est représenté Kunzang Gyalwa Gyatso, une des douze divinités Choga Chunyi.

Sa position debout, ses mille bras tendus, ses onze faces, tout renvoie ici aussi à une divinité bouddhiste Avalokiteshvara à onze faces et mille bras.

Le nom Gyalwa Gyatso signifie « Océan de victoires » ce qui fait référence à sa compassion sans limites symbolisée par ses mille bras et ses têtes multiples.

Les attributs des dix mains principales sont

  • à droite et de bas en haut, une roue, un sceptre orné de la svastika, une bannière royale.

  • A gauche, un aiguillon, un lasso, un arc et flèche.

  • Les deux mains centrales sont jointes faisant le mudra de l’adoration. Sur leurs paumes sont tracées les lettres A et MA.

  • Les deux dernières mains pointant vers le bas prennent la terre à témoin, faisant le mudra de l’illumination.

 

A droite et à gauche de la divinité principale se tiennent, Sherab Chamma, jaune, tenant un miroir et un vase d’offrandes et la déesse du ciel, blanche tenant un lotus et un vase.

 

 

Entourant la divinité se tiennent dix représentations de couleurs différentes de la divinité

Kunzang Gyalwa Düpa. Assis en posture de méditation, couronné et orné de bijoux, il possède cinq faces et dix bras. Les attributs des mains, sont les mêmes que celle de Kunzang Gyalwa Gyatso. Les syllabes A et MA ou les symboles de la lune et du soleil, ornent ses mains principales.

 

 

A droite de ce premier mur est représenté le maître Drenpa Namkha associée à son épouse ; Paisible, il tient de la main droite, un sceptre orné d’une svastika et de la gauche soutient une coupe crânienne. Sa compagne brandissant un vase rituel. C’est la seule représentation n’appartenant pas au groupe Choga Chunyi

 

Le deuxième mur

 

La première divinité (à droite), au corps de couleur blanche, faisant les mudras de l’équilibre (main droite) et de l’illumination (main gauche) au trône supporté par des éléphants est sans conteste Jamden (byams ldan).

 

 

La deuxième au corps de couleur bleue, tenant un parasol dans la main droite, et au trône orné de lions aurait pu être Künying.

Mais le fait qu’il tienne une lettre A dans sa main gauche, pourrait plutôt faire penser à Genyen, qui lui aussi brandit une bannière et dont le trône est orné de lions.

Le deuxième attribut, la lettre A dans sa main gauche correspond bien à la description de Genyen. Seul élément discordant, la couleur de son corps qui est censée être blanche.

Le A est la lettre finale de l’alphabet tibétain, symbole phonétique de la réalité absolue. Une des traditions du Dzögchen est connu sous le nom de Atri (A khrid), les instructions (khrid) concernant la réalité absolue (A). C’est un élément fréquent des visualisations mentales et des mantras.

 

Le troisième mur

 

Il s’agit de la divinité Bön : Trowo Namjom, également appelée Nampar Jompa, l’une des « douze divinités rituelles » choga chunyi.

Au corps de couleur bleu – gris, il tient un vajra (objet enthéorie exclusivement bouddhiste) de la main droite et fait un geste de menace (tarjani mudra) de la main gauche

C’est donc une représentation copie conforme de celle de la divinité bouddhiste Vajrapani (Chana Dorje) dans sa forme Nilambaradhra, absolument impossibles à différencier si l’on ne connaît pas le contexte.

 

 

Ici aussi, l’on a affaire à une divinité Choga Chunyi. Il s’agit vraisemblablement de Mönlam Thayé.

Ses attributs sont bien ceux de cette divinité : lotus dans la main droite et vase empli de nectar dans la main gauche. Il est impossible de distinguer au niveau du trône la présence de lions. On retrouve, comme dans le cas précédent de la divinité Genyen, une note discordante, la couleur blanche de son corps, censé être rouge.

 

Le quatrième mur

 

La divinité représentée à gauche est Künrig (kun rigs), blanc, tenant une bannière, au trône supporté par des lions.

 

 

Au corps de couleur jaune, tenant les tiges de deux lotus sur les fleurs desquelles reposent un miroir et une aiguière rituelle, son trône décoré de lions des neiges voilà la « mère » Satrig Ersang/Sherab Shamma, la principale divinité féminine de la religion bön. C’est la première des quatre seigneurs transcendants.

Cette fresque est en fait un mélange de deux représentations classiques de la mère :

  • Satrig Ersang dont les deux mains placées au niveau du cœur, tiennent les tiges de deux fleurs s’épanouissant au niveau de ses épaules et au centre desquelles sont posés, à droite, un yungdrung et à gauche, un miroir.

  • Sherab Shamma dont les attributs sont le miroir brandi par la main gauche et l’aiguière rituelle portée au niveau du cœur par la main droite

On pourrait également évoquer la possibilité que ce soit une représentation de Namdag (rnam dag), jaune, au trône décoré de lions. Il est cependant censé tenir un miroir de la main droite, et un vase de la main gauche et, dans le cas de la fresque de Pugmo, il faudrait admettre que les attributs soient inversés.

Cependant l’allure typiquement féminine, la présence des lotus plaide plutôt en faveur de Satrig Ersang/Sherab Shamma.